Semaine du 26 mars 2012

Primavera

Chapitre I
Renaissance


1. Claude Monet, le Printemps. 2. Édouard Manet, Jeanne de Marsy.






C'est un frémissement qui court d'arbre en arbre, un battement d'ailes, un chuchotement ténu.
C'est une brise tiède, un frêle zinzinulement, une pluie de pétales. 
C'est le printemps... 




Chapitre II
Naissance de l'iris



Avril
Déjà les beaux jours, la poussière,
Un ciel d'azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ;
Et rien de vert : à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs!
Gérard de Nerval, Odelettes



Chapitre III
Trifle d'avril 

 L'un des petits bonheurs du printemps, c'est de trouver les légumes nouveaux sur les étals des marchés, promesse de beaux moments de cuisine... 

Ingrédients (4 personnes)


La recette

Laver les navets, couper les fanes à 3cm.
Les placer chacun sur un morceau de beurre dans un plat à couvercle allant au four, y glisser la gousse d'ail et un branche de romarin, fermer, et enfourner à 180°C de 30à 45mn selon la taille des légumes.
Mixer la ciboulette et la crème liquide (qui ne doit pas être froide) jusqu'à obtenir un mélange homogène et vert. Saler et placer au frais.
Préparer une pâte sablée au parmesan et graines de lin brun : creuser un puits dans 250gr de farine, y glisser l’œuf battu + le beurre ramolli + le parmesan + les graines de lin et du sel. Pétrir jusqu'à l'obtention d'une boule de pâte souple.
Étaler et mettre au four à 180°C pour 15mn. 
Sortir les navets, les arroser de beurre fondu, saler. Les laisser refroidir légèrement, comme la pâte sablée.
Monter la crème verte en chantilly.
Dresser en verrines en émiettant grossièrement la pâte sablée, couvrir de chantilly à la ciboulette, et coiffer d'un navet confit.



 
 

 
Semaine du 19 mars 2012


L'étrange Monsieur Burton

Chapitre I
Tim Burton, l'Exposition
à la Cinémathèque française, Paris

   Où l'on découvre un foisonnement gargantuesque de dessins, de croquis, de peintures, d'expérimentations, au crayon, au feutre, à la plume... 
    Et puis des images, des films, des clips, tout est remonté à la surface : les tout premiers tournages, les projets non aboutis dans les ateliers Disney. Des monstres et quelques accessoires de tous ses films ponctuent la visite, réveillant au passage quelques souvenirs enchantés. 

"J'étais en train de faire un croquis, et, tout à coup, je me suis dit : peut importe que je sache dessiner ou pas, l'important c'est que j'aime ça.
Dès cet instant, j'ai éprouvé un sentiment de liberté que je n'avais jamais connu auparavant. Dès lors, je me suis fichu de savoir si je pouvais reproduire ou pas une forme humaine, ou si les gens aimaient ou pas mes dessins."
Tim Burton, Entretiens avec Mark Salisbury, Sonatine Éditions, 2009 




  J'aime que Tim Burton se soit détaché de toute convention de représentation. Il a inventé un univers très identifiable, presque gourmand : la comédie macabre, le monstre gracieux, le beau répugnant.
  J'aime qu'il promène au gré de ses films un être étrange, difforme dans une société exigüe, contraint de se normaliser pour s'y adapter, comme un ersatz de lui-même, généreux dans ses références, plus complexe qu'il n'y paraît.





Mon top 3 des films de Tim Burton

1. L'étrange Noël de monsieur Jack (même s'il ne l'a pas réalisé, mais produit)
2. Edward aux mains d'argent
3. Sleepy Hollow








Chapitre II
 Jack




  J'adore dessiner Jack, c'est une source infinie d'inspiration... J'admire la ligne graphique de Tim Burton, et l'exposition consacrée à son travail montre aussi les dessins de ses collaborateurs, ainsi j'ai découvert les illustrations de Carlos Grangel, adorables.




Chapitre III
Crème de fanes de radis, chantilly rose 
et chips de betterave

 On jette souvent les fanes de radis, alors qu'on peut en faire des merveilles, tel un Tim Burton transformant un épouvantail en héros de cinéma.
  La betterave Chioggia est originaire de Vénétie. En la découpant, elle découvre des anneaux roses et blancs très marqués. Grâce à Mayeul, j'en ai trouvé sur le marché de Versailles, par un dimanche matin pluvieux...

Ingrédients (2 personnes)


La recette

Peler les pommes de terre et les échalotes. Les faire cuire dans un bouillon, et après 10mn, ajouter les fanes de radis lavées, et laisser 5mn sur le feu.
Mixer, ajouter 10cl de crème liquide + sel + poivre. Tenir au chaud.
Monter en chantilly 10cl de crème fraîche liquide très froide + une pincée de sel + du jus de betterave rouge (en fonction de la couleur désirée) + quelques gouttes de jus de citron. Laisser au frais.
Découper la betterave Chioggia en pétales, avec une mandoline c'est encore mieux, les citronner.
Dresser en versant la crème de fanes de radis, y déposer une quenelle de chantilly rose, puis y planter quelques pétales de betteraves Chioggia.


 Pour information, la Cinémathèque française diffusera Frankenweenie/Vincent/l'étrange Noël de Mr Jack à 14h30, puis Edward aux mains d'argent à 19h.


 

Semaine du 12 mars 2012

Un après-midi avec Marcel Proust

Chapitre I
Du côté de chez Swann

   

Longtemps, lire Proust m'a semblé un projet ambitieux et difficile. Et puis, un après-midi de printemps, je m'y suis glissée comme on entre dans une chambre.
  J'espère ne jamais mettre un terme à la lecture d' A la recherche du Temps Perdu, aussi je n'en lis que quelques pages, de loin en loin. Je peux m'y perdre, revenir sur mes pas, sauter quelques pages, oublier certains personnages, toujours la musique contemplative de son écriture me revient, immuable et limpide.
  Du côté de chez Swann est le premier tome d' A la recherche du temps perdu, qui en compte sept. Le narrateur, qu'on ne peut s'empêcher de confondre parfois avec l'auteur, évoque le temps passé, l'enfance à Combray, le passé amoureux de Swann, voisin de Combray, puis nous dévoile les chambres qu'il a habitées, rêvant de voyages impossibles... 




Chapitre II
La chambre


  Dans la dernière partie Du côté de chez Swann, le narrateur évoque les chambres qu'il a habitées, les lieux dont il a rêvé. Allusion délicate de l'auteur, qui a souvent écrit alité, se nourrissant de café au lait et de croissants.

 En avril, la Scène Nationale d'Aubusson (Creuse), en partenariat avec la ville de Bourganeuf et la Communauté de Communes du plateau de Gentioux, propose une lecture de Proust : extraits sur le thème de l'enfance d' A La Recherche du Temps perdu par le Collectif Les Possédés, en appartement, à la lumière de bougies...
Plus d'informations ici



Chapitre III
La madeleine
(madeleines à la fleur d'oranger et à la bergamote)

Ingrédients



La recette

Ramollir les beurres au bain-marie.
Battre les œufs + le sucre jusqu'à ce que le mélange blanchisse et épaississe.
Ajouter le mélange farine + Maïzena + levure, mélanger.
Ajouter le beurre fondu + l'eau de fleur d'oranger + le miel + les zestes des bergamotes.
Bien mélanger, couvrir et laisser au réfrigérateur une nuit.

Après cet intermède réfrigéré, remplir les empreintes du moule à madeleines, et enfourner pendant 3 minutes à 220°C. 
Après ça, baisser le thermostat à 180°C, et laisser les bosses des madeleines se former et dorer de 3 à 5 minutes.


La bergamote est un agrume au parfum très identifiable, qui ressemble à une petite orange.
Comme elle est assez difficile à trouver, on peut remplacer les zestes de bergamote par ceux d'une orange.
A défaut d'une nuit, il faut laisser reposer la pâte 2 heures au réfrigérateur, car c'est le choc thermique qui fait gonfler la madeleine.






   "Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? pas seulement : créer. Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière."
           Marcel Proust - Du coté de chez Swann - A la recherche du temps perdu